Lorsqu'une entreprise envisage un investissement majeur, plusieurs options de financement sont disponibles. Le choix entre financer sur fonds propres, prendre un leasing, ou contracter un emprunt dépend des priorités financières de l'entreprise et de sa stratégie de gestion des risques. Dans cet article, nous comparons ces trois méthodes en mettant l'accent sur deux aspects essentiels : la disponibilité de la trésorerie et la simplicité d'accès aux financements.
Hypothèses de Base
Critère | Fonds propres | Leasing | Emprunt |
---|---|---|---|
Montant de l'investissement | 100 000 € | 100 000 € | 100 000 € |
Durée | 5 ans (60 mois) | 5 ans (60 mois) | 5 ans (60 mois) |
Paiement mensuel | N/A | 2 198 € | 1 865 € |
Charges déductibles | Amortissement de l’actif | Totalité des loyers (2 198 €/mois) | Amortissement + intérêts |
Taux d'impôt sur les sociétés | 25 % | 25 % | 25 % |
1. Financement par fonds propres : la trésorerie est mobilisée
Financer un investissement avec les fonds propres de l’entreprise signifie que celle-ci utilise directement son argent disponible pour régler l'investissement sans recours à un prêt ou à une autre forme de financement. Cela présente un avantage de simplicité et évite les intérêts ou les frais liés à d'autres options de financement. Cependant, cette méthode comporte des risques significatifs.
- Impact immédiat sur la trésorerie : En utilisant 100 000 € de trésorerie pour l'investissement, l'entreprise réduit immédiatement ses réserves de liquidités. Cela peut limiter sa capacité à répondre à des imprévus ou à des coûts inattendus, comme une baisse d'activité, des réparations urgentes, ou des opportunités d'affaires.
- Pas d’argent pour d'autres placements : Cet argent, s'il était disponible, pourrait être utilisé pour des placements financiers ou d'autres investissements rentables, offrant à l'entreprise des retours supplémentaires. En immobilisant cet argent dans un investissement fixe, l'entreprise renonce à ces opportunités de croissance.
- Avantage fiscal limité : Le financement par fonds propres ne permet de bénéficier que de la déduction liée à l’amortissement (20 000 € par an), ce qui réduit certes la base imposable, mais reste inférieur aux avantages fiscaux des autres méthodes.
En résumé : financer un investissement sur fonds propres peut être perçu comme risqué, car la trésorerie disparait et n'est plus disponible pour des besoins immédiats ou pour être placée de manière rentable. Bien qu'il n'y ait pas de frais financiers à supporter, l'entreprise pourrait regretter ce manque de liquidité en cas de coût imprévu.
2. Leasing : simplicité et flexibilité - une solution accessible
Le leasing est une méthode de financement souvent préférée des entreprises, car elle permet de louer l'équipement ou le bien tout en étalant les paiements sur plusieurs années. L'un des avantages majeurs du leasing est sa simplicité d'obtention.
- Facilité d'accès : Comparé à un emprunt bancaire, un contrat de leasing est beaucoup plus simple à obtenir. Les conditions d'acceptation sont généralement moins strictes, ce qui permet à une entreprise de financer rapidement son investissement, même sans disposer d'une situation financière idéale. Contrairement aux banques, les sociétés de leasing évaluent moins rigoureusement la capacité d'emprunt de l'entreprise, car elles gardent la propriété du bien pendant la durée du contrat.
- Impact sur la trésorerie : Avec un paiement mensuel de 2 198 €, le leasing permet d'étaler les paiements, réduisant ainsi l'impact immédiat sur la trésorerie. Cela aide l'entreprise à conserver une certaine flexibilité financière. Sur 5 ans, l’entreprise aura versé 131 880 €, soit un coût total plus élevé qu’un emprunt, mais avec un risque moindre en cas de baisse d'activité.
- Avantage fiscal : Contrairement à l'amortissement d'un bien financé par fonds propres, la totalité des loyers de leasing est déductible chaque année. Cela permet à l’entreprise de réduire significativement sa base imposable, bénéficiant d'une réduction d'impôt annuelle de 6 594 € (25 % de 26 376 € de loyers annuels). Cette réduction d'impôt sur 5 ans totalise 32 970 €.
En résumé : le leasing est une solution flexible et simple à mettre en place, surtout pour les entreprises qui souhaitent éviter des démarches administratives complexes ou ne peuvent pas se permettre de mobiliser trop de liquidités. Toutefois, le coût total est plus élevé qu'avec un emprunt, mais l’avantage fiscal est aussi plus important.
3. Emprunt : un compromis entre trésorerie et optimisation fiscale
Le prêt bancaire reste une méthode de financement courante, mais il peut être plus difficile à obtenir qu’un leasing. Les banques exigent des garanties et une solvabilité démontrée pour accorder un emprunt, ce qui peut compliquer le processus pour certaines entreprises.
- Accès plus difficile : Contrairement au leasing, les conditions pour obtenir un emprunt sont plus strictes. L’entreprise doit présenter des comptes solides et être en mesure de convaincre la banque de sa capacité à rembourser la dette. Cela peut être un obstacle pour des entreprises en croissance ou avec des niveaux de liquidité limités.
- Impact sur la trésorerie : Le prêt bancaire à 4,51 % se traduit par des paiements mensuels de 1 865 €, soit une sortie totale de trésorerie de 111 885 € sur 5 ans. Cette sortie est inférieure à celle du leasing (131 880 €), offrant une solution moins coûteuse pour l’entreprise tout en permettant d'étaler les paiements.
- Avantage fiscal : L’entreprise bénéficie d’une double réduction fiscale avec l’amortissement du bien (20 000 € par an) et les intérêts payés sur le prêt (environ 5 000 € la première année). Cela permet une réduction d’impôt totale d’environ 27 500 € sur 5 ans.
En résumé : l'emprunt bancaire est souvent moins coûteux que le leasing, avec un impact modéré sur la trésorerie. Cependant, les conditions d'obtention sont plus strictes et moins flexibles. Le processus peut également être plus long, avec des démarches administratives et des évaluations de risque plus approfondies.
Synthèse des impacts sur la trésorerie et les impôts
Critère | Fonds propres | Leasing (mensualités déductibles) | Emprunt |
---|---|---|---|
Impact immédiat sur la trésorerie | Sortie immédiate de 100 000 € | Paiements de 2 198 €/mois | Paiements de 1 865 €/mois |
Impact total sur la trésorerie | 100 000 € | 131 880 € | 111 885 € |
Réduction d’impôt annuelle | 5 000 € | 6 594 € | 6 250 € (1ʳᵉ année) |
Réduction d’impôt sur 5 ans | 25 000 € | 32 970 € | 27 500 € |
Conclusion
- Fonds propres : Financer un investissement avec les fonds propres de l'entreprise implique une sortie immédiate de trésorerie de 100 000 €, rendant cette méthode risquée en cas d'imprévus. De plus, l'entreprise perd l’opportunité d’investir ces fonds ailleurs ou de les utiliser comme coussin financier. L'avantage fiscal est limité à l'amortissement.
- Leasing : Le leasing est une solution simple à mettre en place, souvent plus accessible qu'un emprunt. Il offre un avantage fiscal important avec la déductibilité complète des loyers, bien que le coût total soit plus élevé. L’impact sur la trésorerie est modéré grâce à des paiements mensuels réguliers.
- Emprunt : L'emprunt est moins coûteux que le leasing, mais il peut être plus difficile à obtenir en raison des exigences plus strictes des banques. Les paiements mensuels sont plus faibles qu'avec un leasing, ce qui offre un meilleur contrôle de la trésorerie. Toutefois, l'obtention d'un emprunt implique des démarches plus longues et des garanties que certaines entreprises peuvent avoir du mal à fournir. En revanche, l'avantage fiscal combiné (amortissement + intérêts) en fait une option intéressante sur le plan fiscal.
En résumé :
- Fonds Propres : Risque élevé lié à la mobilisation immédiate de la trésorerie, avec un impact fiscal limité, mais sans dettes à rembourser.
- Leasing : Solution simple et accessible, avec un fort avantage fiscal et une flexibilité dans les paiements, mais un coût global plus élevé sur 5 ans.
- Emprunt : Moins cher que le leasing, avec un bon équilibre entre réduction fiscale et gestion de la trésorerie, mais des conditions d'accès plus strictes.
Chaque entreprise doit donc évaluer ses besoins en matière de liquidité, de flexibilité et de stratégie fiscale pour choisir la solution la plus adaptée à ses projets d’investissement.